Bénin - Enquête sur la Migration au Bénin 2024, Deuxième édition

Version 1.0. Il s'agit de la vesion originale réalisée après la collecte des données.

2025-03

La migration se définit comme un "ensemble de déplacements ayant pour effet de transférer la résidence des intéressés d'un certain lieu d'origine ou lieu de départ à un certain lieu de destination ou lieu d'arrivée". Elle se caractérise essentiellement par le fait qu'elle entraîne un changement de domicile ou de lieu de résidence "habituelle" et que la vie reprend dans un lieu nouveau ou différent. Le concept de "migration" ainsi défini exclut donc d'autres types de mobilité spatiale

(navettes entre le lieu de résidence et le lieu de travail, courses ou shopping, visites, voyages d'affaires ou d'agrément, vacances). La migration constitue l’un des phénomènes démographiques intervenant dans la dynamique de population avec la mortalité et la fécondité. Elle contribue à expliquer les contrastes de peuplement à l’intérieur d’un pays, entre les nations et à se rendre compte de leurs inégalités de développement socioéconomique. Dès lors, la migration constitue aujourd’hui l’un des aspects les plus marquants de la dynamique sociodémographique de la plupart des pays en développement. C’est le cas de l’Afrique subsaharienne, où les flux migratoires se sont intensifiés depuis quelques décennies. Le Bénin est doublement interpellé par cette situation en tant que pays d’accueil pour un nombre important de travailleurs migrants des pays limitrophes et d’Afrique de l’Ouest puis en tant que pays de départ également. C’est pourquoi, depuis quelques années, les études sur la mobilité géographique ou spatiale des populations (qui entraînent un séjour prolongé ou définitif au lieu de destination) se font plus nombreuses : conséquence positive de l'introduction dans les questionnaires de recensements et d’enquêtes par sondage, de questions concernant directement les changements de résidence. Aussi est-il établi que les mouvements migratoires ont de forts impacts sur la croissance économique, avec des retombées bénéfiques tant pour les lieux de départ que pour les lieux d’accueil. Cela se justifie par le fait que les envois de fonds des travailleurs migrants en direction de l'Afrique subsaharienne ont connu une accélération constante au cours de ces dernières

années. Ils sont estimés par la Banque Mondiale à 6,5% du total des transferts des travailleurs migrants vers les pays en développement et représentent 2,2% du PIB de cette partie du continent en 2009. Au Bénin, la problématique de la migration tend à occuper effectivement une place de choix dans les politiques et stratégies de développement. En effet, le Gouvernement béninois a affirmé pour la première fois sa volonté de définir et de mettre en œuvre une politique nationale de population à la veille de la Conférence Mondiale sur la Population et le Développement de Mexico 1984, dès que la connaissance du comportement démographique de la population le permettrait. Cette volonté s’est traduite par la

Déclaration de politique de population le 2 Mai 1996 à Cotonou, dont l’un des plus importants axes porte sur la migration. En dehors des traités internationaux auxquels a souscrit le Bénin, et qui garantissent le principe de libre circulation des personnes ainsi que leur droit de résidence et d’établissement (CEDEAO, 1975, Protocole A/P.1/5/79 de 1979, etc.), la recherche d’un mieux-être par les populations est un facteur fondamental des migrations dans le pays. En raison de sa stabilité politique, sociale et de son potentiel économique, le Bénin est également un pays d’immigration. Un nombre important de migrants en provenance d’Afrique de l’Ouest et du reste du monde s’y installent pour y exercer une activité économique. En effet, selon les données du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH-4) réalisé en 2013, 84,3% de la population étrangère viennent des pays limitrophes du Bénin , 10,7% du reste de l’Afrique de l’Ouest, 3,1% du reste de l’Afrique et 1,8% du reste du monde. Par ailleurs, l’effectif de la population étrangère au Bénin a augmenté depuis le recensement de 2002 passant de 141 595 personnes à 188 563 personnes en 2013. Les recensements de la population permettent de mesurer les flux migratoires à l’intérieur d’un pays, l’immigration externe et l’étude des caractéristiques des migrants. Cependant, en Afrique Noire où plusieurs recensements ont été réalisés, très peu de pays ont accordé une attention particulière aux études spécifiques sur la migration et ses corollaires. De ce fait, l’analyse des migrations internationales est rendue complexe du fait de l’insuffisante collecte des données statistiques sur les flux migratoires ou l’insuffisante cohérence de celles dont on dispose. Ainsi, les données disponibles sur les migrations au Bénin sont limitées. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles les études consacrées à l’émigration et à son apport au développement du pays d’origine sont presque inexistantes alors que l’émigration béninoise est loin d’être récente. En effet, les données concernant les migrations au Bénin demeurent rares. Lorsqu'elles existent, elles adoptent souvent des approches conceptuelles et méthodologiques divergentes, compliquant ainsi leur utilisation. Les principales sources d'information sur la migration internationale sont les recensements, les enquêtes de population et les données issues de sources

administratives. À ce jour, le Bénin a organisé quatre Recensements Généraux de la Population et de l’Habitation (RGPH), menés en 1979, 1992, 2002 et 2013. La seule enquête sur la migration réalisée à ce jour s'est déroulée exclusivement en milieu urbain en 2000. Les données provenant de sources administratives, disponibles notamment auprès de la Direction de l’Émigration et de l’Immigration (DEI) et de l’Agence Nationale des Migrations et de la Diaspora (ANMD), ne sont pas toujours collectées de manière à fournir toutes les informations indispensables à la constitution de bases de données stables et exploitables. Malgré l'importance des déplacements transfrontaliers, les données sur ce sujet sont rares. Les enregistrements réguliers des "migrants" ne sont effectués qu'aux points de passage surveillés par les forces de l'ordre. À ces points de contrôle, seuls les voyageurs en possession de documents de voyage sont enregistrés. Les autres, qui sont peut-être plus nombreux, traversent la frontière sans aucun contrôle ni traçabilité. De plus, les données collectées sont simplement classées en deux catégories : - entrée (des étrangers et des Béninois) ; - sortie (des étrangers et des Béninois).

Aucun autre type de catégorisation, par exemple selon le sexe, l’âge, le pays d’origine, le type de mobilité (journalière, saisonnière, longue durée, etc.), n’est pris en considération. Les variables portant sur la mobilité des personnes qui sont saisies lors des deux premiers recensements réalisés au Bénin ne permettent pas une analyse approfondie du phénomène, mais plutôt de faire quelques constats sur les flux migratoires. Les résultats de cette étude permettent de :

- cerner les flux migratoires, leurs caractéristiques, leurs motifs ;

- mettre à la disposition du Gouvernement béninois des données fiables pour canaliser les mouvements migratoires et réduire ainsi les disparités régionales constatées dans la répartition spatiale de la population.

De façon générale, cette enquête, qui constitue la deuxième édition de l’enquête sur la migration au Bénin (EMB-2), contribue à une meilleure prise en compte de la variable migration dans les plans et programmes de développement et mieux cibler les secteurs d’intervention des Béninois de l’étranger en vue de la mise en place d’une politique de participation plus efficace au développement du pays.

Spécifiquement, l’EMB-2 offre l’occasion d’/de :

- mettre en évidence les tendances migratoires et leurs caractéristiques ;

- cerner les flux migratoires et leurs caractéristiques ;

- identifier les types de migrations selon les caractéristiques sociodémographiques des migrants et leur ampleur ;

- étudier l’impact des migrations sur la formation et l’évolution de la taille des ménages ;

- rechercher les principales motivations qui sous-tendent les migrations (internes et internationales) ;

- étudier l’impact des migrations sur les lieux d’origine et d’accueil ;

- fournir des éléments nécessaires à la définition de politiques régionales de développement dans un contexte de décentralisation ;

- identifier les secteurs d’activité des béninois de l’étranger dans le développement du Bénin ;

- identifier les secteurs d’activité des étrangers vivant au Bénin ;

- avoir une idée des montants transférés par les migrants internes et internationaux ;

- mieux appréhender l'utilisation des fonds des migrants internationaux.

Données échantillonées [ssd]

L’unité statistique recensée est le ménage.